Réminiscences
Aussi loin quIl sen souvienne, Il nétait jamais venu visiter cet endroit. Mais quelque chose lui faisait penser le contraire ... Il savait qui Il était, doù Il venait, mais pas où Il était. Cette sensation de déjà vu lemplit de doute. Il vogua sur maintes mers et lacs, traversa bien des contrées. Il se souvient de ces mines au Nord, austères et sans vie, où seul son souffle résonnait dans ces espaces confinés. Il faisait sa route vers le sud, traversant la capitale. Mais Il naimait pas les habitants de cette ville. Imbus de leur personne, peu avenants, ils ne lui rappelaient que trop de là où il venait, de là où il avait été chassé... Il senquérait alors de chercher une terre daccueil, et poursuivait sa route au Sud. Mais les vents et tempêtes glaciales qui sévissaient en hiver auront eu raison de sa détermination, et Il sen alla à labri, sous le sol dHarlan. Mais Il ne savait pas ce qui lattendait sous ces profondeurs, bien quhabitué par sa vie passée à vivre dans ces espaces reclus du monde des Hommes. Plus il senfonçait sous la surface, plus lair devait chaud, irrespirable. Les vapeurs de soufre eurent parfois pour effet de lui faire perdre la raison. Mais Il navait pas le choix... Il fit face à de nombreux périls, traversait les grottes et mines abandonnées par les hommes et cest au moment où il commençait à lâcher prise quil trouva cet endroit, cette cité. Il avait parcouru des milliers de kilomètres, mais pourtant, cet endroit lui semblait familier, bien quil nait jamais mis les pieds sur ce versant du monde. Les habitants de cette cité furent surpris de voir un être tel que lui arriver sous ces latitudes, lui qui venait dau-delà le Nord. Létonnement sest traduit en curiosité, puis en évitement. Encore une fois, Il était encore seul. Non par choix, mais par défaut. Il nétait pas méchant, ni malveillant. Il était lui. Mais là si cette cité sortait de lordinaire pour cet être, cétait pour une chose : les armoiries. Non pas les armoiries de la famille qui dirigeait la cité, mais les armoiries dune autre de ses familles. Celle qui dirigeait les mines et les forges ... En quête de réponses, il alla se renseigner à la bibliothèque de la cité : parchemins, livres et autres ouvrages, il les lut, et tomba sur ce symbole. Le même symbole, surplombé des lettres H.R., gravés sur sa chevalière attachée par une mince chaîne autour de son cou. Il demanda alors audience au dirigeant de la cité, et fit quérir le représentant de la famille qui portait ces symboles. Et laudience arriva. Le chef et représentant de ce peuple, le fit entrer au sein de cette Assemblée, et à peine avait-il franchi le seuil, Il laperçut. Bien quils ne se soient jamais rencontrés, cétait pour lui une évidence. Lui qui était différent de ce quil pensait être son peuple, lui qui avait été chassé, congédié et excommunié de sa paroisse, Il comprit. Trop grand pour le monde des nains, trop petit pour le monde des hommes, Il était lun des fils cachés de cet homme, qui lavait abandonné au sein des mêmes mines doù il entreprit son long périple. Et cette chevalière qui lui avait toujours été trop grande, cétait celle de son père, H.R. Herran Riddari. Mais au lieu de colère et de haine, seuls des sentiments de paix et damour envahirent leurs curs. Le temps semblait sêtre arrêté au moment même où leurs regards se sont croisés, au moment où le fils retrouvait son père. Il aurait voulu lui demander pourquoi, mais la seule réaction qui leur vint à lesprit se traduisit par une accolade, chaleureuse, dénuée de tout faux semblant. Il était une chose dont il avait été à la recherche toute sa vie. Une chose quil ne la trouva quau-delà des horizons. Une chose dont lui-même avait toujours fait preuve à légard des autres, mais dont personne navait jamais fait preuve à son égard. La sincérité.